TEMOIGNAGE

LE TRO BREIZ

Préface

La Bretagne, ma région française préférée me fait toujours rêver. Sa culture, sa musique, sa cuisine, ses paysages et surtout la mentalité de ses habitants. Suis-je breton? Pas vraiment, je suis luxembourgeois, mais fou de la Bretagne. Exactement 10 ans après mon pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle j'entame un deuxième grand pèlerinage, cette fois le « Tro Breiz «, le Tour de la Bretagne. Une boucle d'environ 700 kilomètres reliant sur sa route 7 cathédrales. À savoir, Quimper, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Dol-de-Bretagne et Vannes. Ce pèlerinage se fait en souvenir des 7 saints créateurs de la Bretagne. Ils se nomment Corentin (Quimper), Pol Aurélien (Saint-Pol-de-Léon), Tugdual (Tréguier), Brieuc (Saint-Brieuc), Malo (Saint-Malo), Samson (Dol-de-Bretagne) et Patern (Vannes).

Chaque breton se devrait de faire ce pèlerinage une fois de sa vie tout comme le font les musulmans pour la Mecque. Une légende dit que si un breton ne faisait pas son Tro Breiz de son vivant il devrait le faire dans l'au-delà en avançant dans un siècle seulement de la longueur de son cercueil. Mieux vaut le faire maintenant.

Date du parcours : 12 mai - 11 juin 2018

Longueur : 710 kilomètres

Pays traversés : France

Régions traversées: Bretagne

Départements traversés: Finistère (29), Côtes d'Armor (22), Ille et Vilaine (35), Morbihan (56)


12 mai 2018

En route pour la Bretagne

Déjà le voyage est un vrai plaisir. Mon pèlerinage démarre en TGV. Journée sans grève à la SNCF et mon train arrive ponctuellement en gare « Lorraine TGV ». Un dernier regard envers ma femme et mon fils qui attendent jusqu'à ce que le train ait quitté la gare. Merci à eux qui m'ont emmené ici en voiture et merci aussi parce qu'ils m'ont laissé partir pour si longtemps. Peut-être ont-ils ras le bol de moi et sont contents que je parte. On ne va pas le savoir. 3:30 heures seulement pour arriver à Rennes, capitale de la Bretagne. J'ai 2 heures pour prendre le prochain TGV pour Quimper. Assez pour déjeuner près de la gare qui quant à elle est en chantier. Difficile de s'imaginer à quoi ressemblera la future gare, sans doute très moderne. Le train quitte Rennes à l'heure et 2 heures plus tard je suis à Quimper dans le Finistère, la destination où je commence mon périple. Après l'installation à mon hôtel je file à la cathédrale pour me procurer mon premier tampon de mon credencial du pèlerin. Il m'en faut un pour chaque cathédrale, alors 7 en tout. Une équipe de la télévision s'est installée pour filmer la cathédrale de l'intérieur, même avec un drone. Les reportages vont servir pour le Tour de France qui arrivera le 11 juillet à Quimper.

13 mai 2018

Quimper

Il fait assez beau et je profite de l'occasion pour me balader un peu sur le Mont Frugy. Cette petite colline emblématique de la ville est très connue en Bretagne, le chanteur breton Gilles Servat la mentionne dans sa chanson « La Route de Quimper ». Pas mal d'escaliers, peut-être une centaine pour arriver en haut d'où on a une belle vue sur la ville. Un grand marché de fleurs s'est installé le long de l'Odet, là où normalement règne un trafic fou de bagnoles en semaine. L'Odet est un petit fleuve qui se jette à seulement quelques kilomètres d'ici dans l'Atlantique. Comme il est dimanche et que j'ai bien le temps, j'assiste aux offices de messe dans la cathédrale. Je pense que c'est un bon début pour un pèlerinage et j'allume un cierge pour tous ceux et celles qui nous ont quitté depuis un temps mais aussi pour ceux et celles qui ne vont pas bien pour l'instant. Cela ne nuit à personne et ça ne fait pas mal non plus. De temps en temps il pleut, rien de méchant, juste des crachins bretons. Après une bonne sieste, je me lance dans une promenade de la ville un peu différente. Les vieux quartiers sont entourés de remparts et me font découvrir cette ville d'une autre façon. Cela prouve que normalement on gâche son temps trop souvent près des commerces et endroits touristiques. Quimper est vraiment une ville agréable, une ville d'art et d'histoire. Plus tard 2 crêpes et hop au lit.

14 mai 2018

De Quimper à Sainte Cécile

La journée ne s'est pas déroulée comme prévu. D'abord j'ai dû prendre le petit-déjeuner plus tard, les touristes d'un bus autrichien avaient envahis la salle, il n'y avait plus aucune place. Je me lance alors avec un léger retard sur le chemin du Tro Breiz. Le périple commence dos à la cathédrale en montant par une rue commerçante, puis en passant 2 cimetières à l'extérieur de la ville. Passée la zone commerciale Quimper-Nord et un morceau de route qui mène vers la voie expresse le trafic se calme soudainement. Je me retrouve sur une petite route secondaire. Alors que je suis en train de photographier la chapelle de Sainte Cécile, une dame approche et me demande si je cherchais une chambre. Je dis oui, mais je voudrais encore continuer jusqu'à Briec. Elle me déconseille, il n'y aurait plus de chambres dans les environs, toutes les chambres seraient prises. Effectivement, j'ai essayé maintes fois de téléphoner mais personne ne décroche. La dame est propriétaire de la ferme-auberge et me propose un lit, j'accepte volontiers. J'ai marché à peine 10 kilomètres mais il faut bien choisir pour éviter les mauvaises surprises. Mon lit, c'est toute une maison, rien que pour moi. La dame ne fait pas de repas mais elle me donne des vivres pour que je puisse me préparer un dîner.

15 mai 2018

Sainte Cécile à Pleyben

À 07:30 heures je quitte mon gîte et continue ma marche vers Briec, petite ville fleurie et tous commerces, c'est tout. Il ne fait ni froid ni chaud, juste agréable pour randonner. Au programme aujourd'hui un terrain très vallonné avec plusieurs montées et descentes relativement raides. Le summum est quand même le point culminant des montagnes noires, le Karreg-an-Tan (La-Roche-du-Feu) avec ses 279 m. D'ici on a une vue magnifique sur l'Aulne, les monts d'Arrée et même sur la baie de Douarnenez. Quand j'arrive sur l'Aulne à Pont-Comblant il est midi pile, je prends alors mon casse-croûte au bord de ce fleuve côtier. Les 5 derniers kilomètres s'avèrent plus difficiles que je ne le croyais, parfois des pistes impraticables, tellement la végétation a gagné le dessus. Il commence maintenant à devenir chaud et mes jambes sont fatiguées, encore un effort et bientôt j'arrive à Pleyben. Au centre du bourg se trouve un enclos paroissial magnifique qui se compose d'une église, d'une chapelle funéraire, calvaire et porte triomphale. Une architecture typiquement bretonne. Le soir je m'offre un bon repas juste à côté de l'enclos, à la Blanche Hermine, restaurant breton lui aussi.

16 mai 2018

Pleyben à Commana

Il est presque 9 heures quand je pars pour une étape très difficile et montagneuse. Au début des petites routes secondaires, en légère montée, puis un premier effort pour arriver à Brasparts. Une très étroite route, interdite aux véhicules, une raide montée de seulement 300 mètres suffit de me faire suer. Petite pause près de l'église, un sandwich dans la supérette et je continue par des chemins parfois dégueulasse et monotone toujours en montée. Pour 3 ou 4 kilomètres je dois fréquenter la départementale D 785 avant de m'engager sur un sentier pierreux qui mène au sommet du Mont Saint-Michel (380m), c'est dur d'autant plus que les derniers 200 m se composent d'escaliers de différentes hauteurs. Arrivé en haut je bois mon café juste en face de la chapelle sur un socle en béton qui symbolise le point culminant. J'apprécie le paysage grandiose et surtout le vent qui souffle fort ici. Hélas je dois continuer, il est déjà plus tard que je ne le pensais. La descente se fait également sur une piste pierreuse et ce n'est pas sans danger, il faut de bonnes chaussures si non bonjour les dégâts. Heureusement elle est de courte durée. Le Menez Kador est la prochaine colline à grimper, toujours sur des sentiers dangereux qui ne cessent de monter. Même si c'est fatiguant je me sens en bonne forme. Encore une périlleuse descente et j'arrive sur la route qui mène directement à Commana. Je ne trouve pas la maison d'hôtes alors je téléphone et un monsieur vient me chercher devant l'église. La maison se trouve un peu à l'extérieur du village et une belle soirée s'annonce. La patronne nous prépare un délicieux repas. Je dis nous, parce qu'il y a encore un couple de Metz qui terminera son Tro Breiz demain à Morlaix.

17 mai 2018

Commana à Saint-Thégonnec

Il a plu la nuit, ce qui n'était pas prévu par les prévisions de météo. Départ un peu tardif, 09:20 heures, je prends congé du couple messin et des propriétaires et leur remercie pour l'accueil chaleureux. Il fait frais ce matin et il y a beaucoup de descentes sur cette courte étape, à peine 14 kilomètres. Routes secondaires sans trafic et sentiers herbeux au programme. Néanmoins quelques surprises m'attendent : avancer dans la bouse, traverser plusieurs fois un ruisseau par des ponts de fortune. Je n'ai pas trop confiance en ces constructions. À deux reprises je suis attaqué par des chiens, la première fois ils étaient 2, dans un hameau semblant abandonné, mais il faut bien quelqu'un pour les nourrir, non ? Dans les 2 cas je me suis défendu avec succès avec mes bâtons de marche. Mais en gros c'était une belle étape, rien de spectaculaire mais nature pure. Nombreux chevaux et vaches dans des prairies vertes et juteuses. Saint-Thégonnec a tout pour plaire, un enclos paroissial, des magasins, bars, restaurants et comme il se doit en Bretagne, une crêperie. J'ai une chambre spacieuse dans une maison d'hôtes du nom « Ar Presbital Koz » avec tout confort, sauf une télévision. Ce qui n'est pas grave, en tant que pèlerin on sait toujours s'occuper. Laver ses affaires, écrire son rapport ou encore se préparer pour l'étape suivante, peut-être déjà réserver un lit.

18 mai 2018

Saint-Thégonnec à Saint-Pol-de-Léon

Encore un départ tardif, petit déjeuner seulement à 08:30 heures. Grand soleil aujourd'hui comme si c'était pour fêter mon arrivée en cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Je continue par des petites routes puis un sentier raide à travers la forêt. De hameau en hameau, de village en village. Un détail me dérange fortement, c'est qu'il n'y a nulle part un banc ou une place pic-nic pour profiter des paysages pourtant spectaculaires, sauf, à Penzé. La Penzé est un court fleuve côtier, long de 40 km qui se jette dans la Manche. En principe. De l'autre côté c'est aussi un aber qui se perce profondément dans les terres. Ici, dans le village de Penzé j'ai pour la première fois sur ce périple contact avec la mer. Désormais des mouettes m'accompagneront sur mon chemin et les pins maritimes font leur apparition. À Kerlaudy je rencontre 3 pèlerins, 2 femmes et un homme, ils viennent de Normandie et arrêteront leur Tro Breiz demain pour le poursuivre plus tard. Maintenant ce n'est plus loin jusqu'à Saint-Pol-de-Léon, peut-être 6 kilomètres. De loin j'aperçois la cathédrale Saint-Paul-Aurélien et une autre église, la chapelle Notre-Dame du Kreisker avec sa flèche de 79 m de hauteur. En arrivant sur le parvis de la cathédrale je vais directement au bureau de la paroisse afin d'obtenir mon tampon pour mon carnet de pèlerin. Je suis un peu déçu, vu l'état et l'aspect général de la cathédrale. À l'extérieur, des échafaudages sont mises en place devant la flèche droite, tandis que le nettoyage de la gauche est déjà terminé. Je gagne mon hôtel et après la douche je voudrais quand même voir la mer qui est à 1 km d'ici. Là encore je suis déçu, il y a marée basse et il n'y a pas grand chose à voir. Un vent froid me prend le plaisir de longer cette plage qui n'est pas belle. L'îlot de Sainte-Anne et sa plage du même nom me semblent trop loin, je fais alors demi-tour et regagne la petite ville. Au restaurant, mer oblige, je m'offre une soupe de poissons suivie de moules, mais malheureusement pas des bouchot, non, du Danemark. Pour ne plus être déçu aujourd'hui je rentre me coucher.

19 mai 2018

Saint-Pol-de-Léon à Morlaix

Le soleil est toujours au rendez-vous. Je quitte la petite ville en longeant la mer. Cette fois, elle est bien là, c'est marée haute, comme si la mer voulait s'excuser pour son absence d'hier. Et elle est belle, tout comme le paysage autour. Le sentier côtier, bien balisé aujourd'hui. Jusqu'à maintenant le balisage faisait défaut. Et en plus le balisage fonctionne pour plusieurs catégories de randonneurs. Les randonneurs de GR, les jacquaires, les trobreiziens et les promeneurs locaux. Chaque association a déposé ses signes sur des poteaux, murs ou arbres. Et tous ensemble marchent sur le sentier des douaniers. Mais le plaisir est de courte durée, à partir du pont de Corde il n'y a plus aucun balisage. Dommage, on s'habitue vite. Au milieu du pont de Corde, qui enjambe la Penzé, je rencontre le couple messin avec lequel j'ai été ensemble à Commana il y a 2 jours. Ils viennent de Morlaix et marchent le long de la côte jusqu'à Brest. Quelle surprise! Après le pont je marche vers Henvic puis Taulé par des petites routes. Les derniers 8 kilomètres je suis obligé de prendre une départementale qui me mène directement à Morlaix, méconnaissable de loin par son imposant pont viaduc. C'est jour de marché à Morlaix et cela crée une bonne ambiance dans cette belle ville. Il est 15 heures et mon hôtel n'ouvre qu'à 18 heures, assez de temps pour prendre un café sur une terrasse. Un ex-militaire de Carcassone, maintenant habitant de Morlaix me raccourci le temps, il me demande si je voulais discuter un peu pour passer le temps. Mais volontiers dis-je. Il veut tout savoir sur le Luxembourg et en contrepartie il me raconte la Bretagne, mais je crois la connaitre mieux que lui.

20 mai 2018

Morlaix à Plestin-Les-Grèves

Je quitte la belle ville de Morlaix par le centre déjà baigné du soleil. Comme il est dimanche il n'y a personne dans les rues. Très vite la route monte considérablement et bientôt je traverse la zone d'activité de Langolvas où est installée entre autre la société « À l'aise Breizh », productrice de vêtements et autres produits bretons, surtout les très répandus autocollants qui décorent presque tous les véhicules bretons. Garlan s'appelle le prochain village où je fais une pause sur la belle place devant l'église. Désormais j'avance de hameau en hameau, par des petites routes sans grand trafic. Des fois c'est très monotone de marcher sur le bitume quand le soleil brûle et quand il n' y a nulle part un peu d'ombre. Dans ce cas je me distrais avec de la musique bretonne, genre cornemuse. Sans le remarquer je suis passé du Finistère (29) aux Côtes d'Armor (22). À Plestin-Les-Grèves, en principe ma destination pour aujourd'hui, je continue encore 3 kilomètres pour arriver à l'hôtel qui se trouve près de la mer. Malheureusement l'hôtel ne fait pas de cuisine. Mais il y a une solution. La patronne conduit en voiture ses clients à une crêperie à 5 kilomètres plus loin et après avoir consommé quelques crêpes, la patronne de la crêperie ramène les clients à l'hôtel. Une bonne formule je trouve, hélas je suis le seul client. Je m'installe sur la terrasse et admire le coucher du soleil tout en mangeant des crêpes accompagnés de cidre. Merci pour cette belle journée.

21 mai 2018

Plestin-Les-Grèves à Lannion

Quand j'ouvre la fenêtre, je ne vois rien. Un dense brouillard me gâche la vue sur la mer. Maintenant où j'aurai enfin la rare possibilité de longer pendant quelques kilomètres le bord de mer, ça! En face de mon hôtel se trouve le GR 34 que j'utilise pour longer la côte, d'abord sur des sentiers forestiers, à déconseiller pour ceux qui n'aiment pas les escaliers, il y en a pas mal. Un peu plus tard, le brouillard se lève sur le GR qui suit le bord de mer. Je quitte le sentier et je marche carrément sur le sable, c'est marée basse et j'ai des centaines de mètres d'alentours rien que pour moi. C'est plaisant d'avancer comme ça et en même temps je peux me ioder dans un vent agréable. Hélas, à Saint-Michel-en-Grève, c'est terminé. Ici je dois quitter la côte mais pas sans savourer encore un moment la belle mer installé confortablement sur un banc. C'est un petit village touristique bien situé. Suit une route qui monte raidement, il faut s'arrêter plusieurs fois en cours. Après avoir suivi plusieurs hameaux je me trompe de chemin, je consulte mon guide et je ne trouve pas mieux. Ou bien le guide est obsolète ou bien la signalisation fait défaut. Le plus simple est de prendre la départementale D 786. Ce choix n'a pas été une bonne idée, un trafic fou règne pendant au moins 5 kilomètres. Quatre kilomètres avant Lannion je peux enfin quitter cette route dangereuse et continue par une zone commerciale avant d'arriver à Lannion, ma destination pour aujourd'hui. Il y a quelques jolis coins ici et là, plusieurs églises, une rivière, le Léguer. Je trouve la ville relativement sale par endroits, rien d'attrayant, il manque aussi un peu d'ambiance, c'est lundi de Pentecôte et il n'y a pas grand monde. Je gagne mon hôtel et je m'occupe de mes affaires.

22 mai 2018

Lannion à Tréguier

De nouveau le soleil est présent et j'ai hâte de quitter cette ville qui ne m'a pas vraiment plu. Même la sortie de Lannion est pénible, des tas de bagnoles se dirigent dans toutes les directions, principalement des parents qui laissent leurs enfants dans les écoles et lycées, il y en a beaucoup ici. Lannion est aussi une cité des sciences, spécialisé dans le développement des technologies. Je laisse la ville derrière moi et je suis content de pouvoir de nouveau relier les hameaux paisibles pratiquement sans voitures, quel bonheur. À midi pile je fais halte à Langoat, belle église, belle mairie et une boulangerie qui tombe à pic. Un américain poulet et hop, le voyage peut continuer. C'est quand même drôle que je n'aie pas encore découvert de panneau indiquant le nom de la ville de Tréguier, pourtant ville épiscopale avec une cathédrale et cité de caractère. À 2 kilomètres de Tréguier j'entends le carillonnement des cloches de la cathédrale sans la voir. À l'entrée de Tréguier, une image typique de notre société d'aujourd'hui, giratoire géant, autour des Super-U et autres Intermarchés, des bagnoles et camions. Je cherche une petite route pour continuer vers le centre-ville. Enfin, la cathédrale est devant moi, le but de cette étape. Un petit café sur l'une des nombreuses terrasses de la belle place devant la cathédrale avant de la visiter. Après je me dirige vers le Presbytère pour obtenir le tampon, le 3e déjà à embellir mon carnet du pèlerin. Ensuite il ne me reste qu'à gagner mon hôtel « Le Trégor », qui a une belle vue sur le Jaudy, un fleuve côtier de 48 km qui se jette dans la Manche.

23 mai 2018

Tréguier à Pontrieux

Un petit déjeuner avec vue sur le Jaudy et le pont Canada, un pont du type « Bowstring » qui est actuellement en chantier qui durera encore jusqu'au printemps 2020. Je quitte Tréguier par ce pont. De l'autre côté du Jaudy, à Trédarzec le chemin part sur les hauteurs par des sentiers forestiers, de nouveau balisés avec les insignes du Tro Breiz. Hélas la joie ne dure pas longtemps, c'est juste pour quelques centaines de mètres. Dommage car on est toujours rassuré quand c'est bien fléché. Je continue par des petites routes paisibles, parfois aucune voiture pendant des kilomètres. Je crois vivre un second printemps car tout est en floraison, tout comme chez nous au Luxembourg il y a un mois déjà. Les oiseaux font de leurs mieux pour répandre leurs chants de fiançailles dans la nature. Des petits hameaux à quelques maisons seulement sont la règle. Parfois un habitant m'arrête pour me souhaiter bon courage et certains vont jusqu'à m'applaudir. Cela fait du bien de voir des gens intéressés au Tro Breiz et qui sont reconnaissants. À la fin de cette étape j'arrive dans une autre petite cité de caractère, à Pontrieux. Comme son nom l'indique déjà, un pont sur le Trieux, un autre fleuve côtier de 72 kilomètres débouchant également dans la Manche. C'est aussi le village où je vais rester la nuit.

24 mai 2018

Pontrieux à Lanvollon

Après 10 jours de marche j'y suis habitué. Je me lève et je marche comme si marcher était mon métier. Plus rien ne fait mal et je me sens en bonne forme. Et ça commence bien ce matin, une cinquantaine d'escaliers pour bien chauffer les mollets. Ce sera une journée à presque 100% nature, peu de hameaux, très peu de bagnoles, de temps en temps un paysan avec son tracteur. 2 chiens m'ont attaqués mais comme d'habitude je savais me défendre grâce à mes bâtons. Un renard prend la fuite en m'apercevant dans son champ. Le balisage fait complètement défaut. C'est peut-être le moment de remarquer que je suis heureux d'avoir installé une application sur mon Smartphone qui me montre le bon chemin. Même une carte détaillée de la région n'est pas capable de fournir des données aussi exactes. Cette application m'a déjà bien de fois sauvée la journée. En gros le chemin passe par Saint-Gilles-Les-Bois et Gommenec'h avant d'arriver à Lanvollon. Le plus souvent ce sont des sentiers forestiers. Une autre réflexion puisque j'avais bien le temps, quand on marche 10 kilomètres et quand on n'a pas d'eau sur soi, c'est l'horreur. Par contre, quand on a assez d'eau sur soi, on ne pourrait même pas avoir soif. Je pense donc je suis. À mon arrivée 1 femme et 2 hommes me saluent. Ils sont en train de baliser le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Là nous avons un thème pour une demi-heure. Je n'ai plus qu'à gagner mon hôtel qui se trouve un peu à l'extérieur de la petite ville.

25 mai 2018

Lanvollon à Saint-Brieuc

Petit déjeuner déjà à 7 heures car il y a une cinquantaine de personnes pour 7:30 heures. Cela implique qu'il y a aussi beaucoup de trafic sur la départementale D 9 que j'empreinte. Il n'y a que cette solution, mais à vrai dire ce n'est pas problématique car il y a souvent une bande verte à côté de la route. J'avance bien, 13 kilomètres jusqu'à Binic, station balnéaire où je m'offre un café sur une terrasse au port. Ici je m'engage sur le GR 34, sentier côtier avec des fortes dénivellations et du coup des vues époustouflantes. Après les 13 kilomètres sur le bitume c'est très dur et j'avance moins bien. Je m'arrête sur un terrain de pique-nique pour me reposer avant de descendre ensuite vers la plage de Tournemine. Évidemment je profite de la plage et je marche sur le sable, comme c'est agréable. Cette plage est longue, entre 2 et 3 kilomètres et elle s'étire jusqu'à Les Rosaires. Je quitte la côte et monte vers Plérin, petite ville attractive juste avant les portes de Saint-Brieuc. Après Plérin on descend fortement jusqu'au Gouët, un fleuve côtier de 46 kilomètres qui se jette dans la Manche. Le fleuve fait frontière entre les 2 villes. Une dernière montée très raide pour arriver à Saint-Brieuc où vivent quelque 45.000 Briochins. Mon hôtel se trouve à quelques pas de la cathédrale Saint-Etienne qui, hélas, est fermée pour des travaux et ceci pendant 18 mois. Quelle déception pour le pèlerin que je suis. Le but du pèlerinage consiste de relier les 7 cathédrales et de se faire tamponner son carnet du pèlerin. À l'hôtel de Ville on m'envoie au presbytère qui est fermé. Je ferai une nouvelle tentation demain. J'en ai ras le bol, après 35 kilomètres sur mon compte aujourd'hui. Des orages et de la pluie sont annoncés pour demain, une bonne occasion donc pour une journée de repos. J'ai parcouru tout juste 300 kilomètres depuis mon départ à Quimper.

26 mai 2018

Saint-Brieuc (journée de repos)

Mon soucis premier est d'aller au presbytère trouver quelqu'un pour me tamponner mon carnet du pèlerin. Un homme très sympathique m'accueille. Il veut évidemment tout savoir, car lui aussi participera cette année au Tro Breiz pendant une semaine ensemble avec au moins 15.000 autres pèlerins. Il me fait son joli tampon et m'offre encore un bonbon. Il ne pleut toujours pas et il y a de l'action dans la ville. D'abord le jour de marché qui s'étend sur la place de la cathédrale et aussi dans plusieurs rues adjacentes de la zone piétonnière. Mais c'est aussi la « Journée Citoyenne ». Chaque année, les habitants d'une commune ou d'un quartier se mobilisent pour améliorer leur cadre de vie. Par exemple, un petit train circule toutes les 20 minutes, gratuitement dans le cœur de la vieille ville. Évidemment j'en profite. Des danses bretonnes sont démontrées même entre les stands de marché. Le 38e Tour de Bretagne des voitures nostalgiques, mais aussi des plus récentes fait halte ici et expose ses bijoux sur une place. Il commence à pleuvoir vers midi, alors j'entre dans un restaurant, Fish & Chips, un peu de cidre à la pression, un café et l'addition s'il vous plaît. J'ai fait 10 kilomètres à travers la ville, pas mal tout de même pour une journée de repos.

27 mai 2018

Saint-Brieuc à Pléneuf-Val-André

Saint-Brieuc m'a finalement bien plu. Je quitte la ville par des quartiers résidentiels puis je descends une rue fortement en pente, 10% et ça sur plusieurs centaines de mètres pour arriver sur le port commercial. D'ici je suis le fléchage du GR 34 par la route des Grèves jusqu'à Yffiniac, beaucoup de joggeurs et de promeneurs utilisent ce morceau qui longe la mer. Maintenant je prends une départementale passant par des hameaux jusqu'à Les Ponts Neufs où un viaduc en courbe nouvellement reconstruit est l'attraction. Entre 1924 et 1948, c'était la ligne ferroviaire d'Yffignac à Matignon qui passait ici. Mais ce n'est pas la seule attraction, il y a aussi une grande cascade à moins de 200 mètres du viaduc, la cascade du Gouessant, fleuve côtier de 41 kilomètres qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc et donc la Manche. Suivent les villages de Morieux, Planguenoual et Dahouët où j'arrive à la mer, un petit port de plaisance, c'est tout. Au port, une terrasse ensoleillée m'invite à prendre un petit café avant que je ne continue vers Pléneuf-Val-André en passant à la magnifique chapelle de Dahouët. Mon hôtel est très proche de la mer, moins de 150 mètres. Après m'avoir occupé de mes affaires je visite le village et marche tout le long de la promenade jusqu'à l'îlot du Verdelot, une réserve ornithologique. Il fait très chaud maintenant et je retourne au village pour boire une eau sur une terrasse ombragée. La petite ville est station de thalassothérapie et possède un casino. Je déguste un excellent tournedos dans un restaurant italien. Plus tard je prends quelques clichés d'un magnifique coucher de soleil à l'horizon. Une belle, mais dure journée se termine après 34 kilomètres.

28 mai 2018

Pléneuf-Val-André à Matignon

Du brouillard très dense ce matin, bon signe pour avoir du beau temps. Je mets du temps pour quitter ce gros bourg qui ne veut pas finir. Des départementales avec peu de trafic tout au long de la journée. Il ne se passe strictement rien, ou du moins je ne vois rien. Premier village est La Bouillie, une boulangerie fermée. Juste avant midi le brouillard se lève et je fais une petite pause près de l'église de Hénanbihen. De mon sac à dos je sors une crêpe et une pomme. Encore 8 kilomètres jusqu'à Matignon. Il fait très chaud maintenant et je me réjouis déjà de gagner mon hôtel, le « Hôtel de Matignon ». Serai-je reçu par le Premier Ministre? Pas sûr ! J'aurai peut-être sa chambre? Soyons sérieux ! En effet, il existe un lien entre cette localité et le très connu « Hôtel de Matignon » à Paris, résidence du Premier Ministre. Je me suis fabriqué une ampoule au pied gauche. Je passerai en pharmacie avant d'aller manger.

29 mai 2018

Matignon à Saint-Malo

Il a plu toute la nuit et ça continue. Je prends mon petit déjeuner avec vue sur la rue avec tous ses nids de poule bien remplis d'eau. Je n'étais pas reçu par le Premier Ministre mais j'ai remarqué que toutes les chambres ont un nom d'un ancien Premier Ministre. Ma chambre s'appelait Edith Cresson. Au moment de quitter l'hôtel, la pluie s'arrête et peu à peu le temps s'améliore considérablement. Je marche pendant plusieurs kilomètres sur une route partagée, anciennement une voie ferrée jusqu'au Guildo en traversant l' Arguenon, un fleuve côtier de 53 kilomètres qui rejoigne dans la Manche près de Saint-Jacut-de-la-Mer. Presque inaperçu on passe des Côtes d'Armor (22) à l'Ille et Vilaine (35). Maintenant il faut suivre des petites routes secondaires jusqu'à Dinard. Pour me faire plaisir je prends le bateau pour Saint-Malo, cela ne coute que 5€ et évite un grand détour. Pendant la traversée il recommence à pleuvoir. Quelle chance ai-je eu aujourd'hui. Après la douche je visite la cathédrale et comme d'habitude il n'y a personne pour tamponner mon petit carnet. Comme c'est devenu une habitude je me rends tout de suite au presbytère. Saint-Malo a tout pour plaire et il y a des hordes de touristes dans la ville. Peut-être aussi parce qu'un énorme bateau de croisières a jeté l'ancre dans la baie. 

30 mai 2018

Saint-Malo à Dol-de-Bretagne

Le matin commence bien, ma tartine garnie de beurre et de confiture « fraises de Plougastel » tombe d'abord sur mon T-shirt puis le pantalon et les chaussures avant d'atterrir au sol. Je quitte mon hôtel « Le Croiseur » qui se trouve intra-muros en bonne position. Adieu Saint-Malo, on se reverra. Je file à la gare SNCF puisque j'ai une question concernant les bagages de ma femme qui va me joindre dans 15 jours en TGV. La gare est un peu éloigné du chemin prévu par le Tro Breiz, donc je choisi moi même un chemin qui à la fin atteint 30 kilomètres. Un mélange de petites routes tranquilles, sentiers herbeux, une grande départementale à la fin. Du poison pour mon ampoule. Le Mont Dol, un marquant repère dans le paysage couronné par un moulin à vent à l'ancienne dessus. Encore un effort et j'arrive à Dol-de-Bretagne, ville épiscopale. La cathédrale Saint-Samson est visible de loin, elle est gigantesque surtout pour cette ville relativement petite. À peine 6.000 Doliens et Doliennes vivent dans cette perle médiévale. Un enterrement a lieu, c'est à dire plutôt une messe funéraire à la cathédrale. La maison paroissiale est aussi fermée. Je me rends alors à l'Office de Tourisme, et miracle, ils ont un très beau tampon spécialement pour les pèlerins. Voilà j'ai maintenant bien le temps de visiter la ville, l'essentiel est fait. À côté de la cathédrale il y a le cathédraloscope, un musée dédié aux constructions de cathédrales, il ferme à mon arrivée, dommage!

31 mai 2018

Dol-de-Bretagne à Dinan

Mon ampoule et moi décidons de se laisser couler la douce aujourd'hui. Nous allons prendre le train pour Dinan. À la gare au guichet on m'informe qu'à cause de travaux sur les voies il n'y aurait pas de train. Par contre le train est remplacé par un minibus. En cours de route nous passons de nouveau aux Côtes d'Armor (22). Une femme travaillant à Dinan et moi sont les seuls clients. Vers 9 heures nous arrivons déjà à Dinan. C'est une ville historique et bien animée, c'est le jour de marché. Je laisse mon sac à dos à l'hôtel donc je peux visiter la ville sans ballast, je n'en ai presque plus l'habitude. Je descends la rue du Jerzual jusqu'à la Rance, un fleuve côtier de 102 kilomètres, rejoignant la Manche entre Dinard et Saint-Malo. Mon ampoule n'est pas heureuse de remonter aussitôt, surtout que c'est assez raide. Mais ça vaut la peine vu ces belles maisons fleuries, abritant entre autres des galeries d'artistes-peintres et des crêperies. À propos crêperie, j'en ai bien envie. Il est midi et je m'offre 2 galettes dans une vieille maison à pans dans le centre historique.

01 juin 2018

Dinan à Broons

Parti de Dinan de bonne heure par une artère principale avec le trafic habituel matinal. Sans guide ni balisage je trace mon propre chemin. Grosso modo je passe par les paisibles villages de Le Hinglé, Plumaudan et Yvignac-la-Tour avant d'arriver à Broons, petite ville un peu à l'écart du chemin. Le plus souvent des sentiers herbeux et petites routes, sauf à la fin un morceau long de 6 kilomètres sur une départementale toute droite, très monotone et du poison pour les pieds. Vers midi une boulangerie tombe à pic à Yvignac-la-Tour. À côté de l'église Saint-Malo il y a un arbre gigantesque, un If. Cet If millénaire est tient un record d'Europe. Son tronc est entièrement creux. Le 15 août 2017, 58 personnes sont parvenues à y entrer simultanément. Avant de visiter la petite ville, je gagne mon hôtel à 35€. Le prix justifie que l'hôtel-restaurant soit fermé ce soir, j'ai un code d'accès. Pareil pour le petit déjeuner de demain, il n'y aura personne, du coup on m'a déjà tout préparé dans ma minuscule chambre. Machine à café, croissants et pain au chocolat, emballé en plastique bien sûr, un yaourt. Bien fait quand même. Avant d'aller dîner je m'offre un café sur une terrasse ensoleillée devant la belle église Saint-Pierre.

02 juin 2018

Broons à Saint-Méen-le-Grand

Après un petit déjeuner presque artificiel je me mets en route. Bitume à 100% aujourd'hui par la départementale D19 qui deviendra D125 à la fin du parcours. Il fait encore beau et la route est agréable à marcher. Une première halte s'impose à Plumaugat, un joli village avec une belle église, tous commerces autour de la place, seulement dommage que tous les alentours sont en chantier. Je continue mon chemin par de légères montées et descentes. Une 2e pause devant la mignonne chapelle de Bonne Rencontre. Une nouvelle fois on change de département, des Côtes d'Armor (22) à l'Ille et Vilaine (35). Bientôt j'arrive à Saint-Méen-le-Grand, ville jumelée avec Haltwhistle (Angleterre) et Valentano (Italie). Comme il est samedi c'est jour de marché et la ville est très animée. Il est midi et je suis déjà à destination, une étape relativement courte, à peine 20 kilomètres. Je décide de déjeuner sur une belle terrasse au lieu de manger le soir. Comme j'ai tout mon temps j'observe un poissonnier et un légumier qui sont en train de charger leurs camionnettes des denrées non-vendues et de leurs étales. C'est un sacré boulot qui se répète tous les jours dans une autre ville et ceci par tout temps. J'éprouve du respect pour ces gens de marché. Mon hôtel se trouve à l'extérieur de la ville dans une zone d'activités commerciales. 

03 juin 2018

Saint-Méen-le-Grand à Guilliers

Les services météo annoncent de gros orages avec des rafales de vent pouvant aller jusqu'à 100 km/h sur toute la Bretagne. Alors j'anticipe, je demande un taxi pour la première partie du chemin jusqu'à Mauron. Quand le chauffeur arrive il se présente, c'est le maire de Gaël, Denis Levrel. Un personnage très sympathique qui insiste à ce que je l'appelle Denis et non Monsieur le Maire. Gaël est une petite commune de 1.700 âmes. Entre Gaël et Mauron est la frontière entre l'Ille et Vilaine (35) et le Morbihan (56). Monsieur le Maire me laisse alors à Mauron. Il me propose encore de boire un café ensemble mais j'ai hâte d'arriver à Guilliers avant les orages. Il me reste encore 12 kilomètres tout de même. À Mauron, première commune du Morbihan sur mon chemin se joue un tournoi de football et des tas de voitures sèment les bords de la route sur plusieurs centaines de mètres. Musique et commentaires propagés des haut-parleurs me poursuivent encore un bon moment. Un peu avant Guilliers je suis un peu dans le néant ! Pas de panique, c'est un hameau qui s'appelle « Néant ». Arrivé à Guilliers j'entre dans un bar pour un café puis je visite la très belle église avant de me rendre à l'hôtel. Ma chambre est déjà prête mais il y a un autre problème. Le restaurant est fermé ce soir, alors je demande à déjeuner maintenant. La patronne me dit « Nous sommes désolé mais nous sommes archi-complet. Heureusement le bar à côté faisait épicerie, je me suis acheté une boîte de sardines aux tomates pour tout de suite et une autre à la moutarde, vive la variante, pour ce soir. Incroyable ces situations, je trouve que des pareilles situations n'existent qu'en France. Finalement il ne commence à pleuvoir que vers 19 heures, donc j'aurais bien pu renoncer au taxi. Par contre, à Morlaix il y a eu des pluies diluviennes pendant le même temps, j'y étais encore il y a une bonne semaine. Après tout il vaut mieux être prudent. Pour demain on annonce la même saloperie, on verra.

04 juin 2018

Guilliers à Ploërmel

Ça y est! Il pleut des torrents, je ne peux pas marcher comme ça, j'appelle un taxi. Il ne faut pas avoir mauvaise conscience, c'est tout simplement une question de prudence. D'ailleurs les sentiers forestiers ou herbeux ne seront point pénétrables tandis que les petites routes ou encore les départementales sont dangereuses quand il pleut. Quand on y ajoute les orages, non, ne faut pas s'offrir cela. Je suis pèlerin et non un amphibie.

Le taxi vient et un jeune homme du coin m'amène à Ploërmel, ville de 10.000 habitants. L'église Saint-Armel est bien placée pour se mettre à l'abri, j'en profite. Ploërmel est cité ducale et peut se vanter de ses remparts, de son couvent des Carmes, de son horloge astronomique et de beaucoup d'autres bâtiments historiques. Mon hôtel, comment vous dire? Porte fermée avec l'invitation d'entrer à l'hôtel par l'arrière dans une autre rue. Arrivé là, une pancarte affiche « Hôtel complet » avec un numéro de téléphone en cas de problème. Hélas personne ne décroche. Voyons plus tard. Visite sommaire de la ville sous la pluie, elle est certainement belle quand il fait beau. Je me cherche un restaurant pour me mettre à l'abri. Je prends entrée, plat et dessert, pas parce que j'ai faim, non, simplement pour passer du temps. Comme prévu à 16:00 heures pile je suis à l'hôtel et tout est parfait. Je me suis fait des soucis pour rien. Par message privé le maire de Cruguel m'invite à loger dans sa maison, hélas je suis déjà trop éloigné de lui, merci quand même pour ce geste chaleureux.

05 juin 2018

Ploërmel à Vannes

« Horizon pas net, reste à la buvette » ou encore « le crachin du matin n'arrête pas le pèlerin ». De telles phrases pour se motiver ou pour se démotiver sont bon à rien. Les journées se présentent différemment, toujours des surprises. Des annonces météo incertaines, mais aussi parce que j'ai hâte d'arriver enfin à Vannes et pour rattraper une journée perdue font que je prenne un bus. Le trajet ne coûte que 2€, une raison de plus. L'étape de Ploërmel à Vannes est trop longue, bien sûr, j'aurais pu la partager en 2 voire 3 étapes, mais j'aurai encore perdu 2 à 3 jours de plus. Arrivé à Vannes, la première chose à faire, c'est de m'occuper de mon carnet du pèlerin. Vite au presbytère où le jeune et très sympathique curé me tamponne avec grand plaisir mon carnet. Maintenant j'ai tout mon temps pour visiter l'église de Saint-Patern, premier évêque de Vannes, la cathédrale Saint-Pierre, la ville médiévale et finalement son chic port de plaisance. À la fin j'ai quand même 14 kilomètres sur le compteur, pas mal pour une journée bus. Malgré les mauvaises annonces météorologiques il n'est pas tombée la moindre goutte aujourd'hui. Tant pis!

06 juin 2018

Vannes à Sainte-Anne-d'Auray

Il ne pleut pas du tout, pourtant Météo France annonce de la pluie, je ne comprends plus. Le mieux c'est de regarder par la fenêtre. La sortie de Vannes se fait plein ouest en traversant 2 zones commerciales. La départementale 19 qui suit, présente un trafic relativement important. Jusqu'à Meriadec, où je m'offre un café sur une terrasse près de la belle église Saint-Mériadec. Un peu plus loin la chapelle de Saint-Roch, hélas fermée comme beaucoup d'autres. Il n'est plus loin jusqu'à Sainte-Anne d'Auray où à l'entrée du village j'aperçois une voiture immatriculée au Luxembourg. Je veux saluer mais la dame est tellement occupée par son téléphone. Sainte-Anne-d'Auray est un haut lieu du pèlerinage breton. Une magnifique basilique domine tout. Un mémorial gigantesque honore les 240.000 Bretons, victimes de la 1re guerre mondiale. Un cloître avec la chapelle de l'Immaculée. Il y a aussi une belle place aménagée en honneur de la visite en 1996 du pape Jean-Paul II en ces lieux saints. Évidemment, boutiques de souvenirs et restaurants ne manquent pas. Le soir, il pleut, rien de méchant, juste un crachin breton. Une crêperie est bien placée en face de la basilique et je m'en offre une aux coquilles Saint-Jacques et une autre au saumon.

07 juin 2018

Sainte-Anne-d'Auray à Landévant

Un peu brumeux au départ mais je suis content qu'il ne pleuve pas. Un dernier regard sur la basilique majestueuse, aussi mystérieuse dans la brume du matin. Une relativement courte étape, à peine 16 kilomètres sur une départementale peu fréquentée, en principe très agréable à marcher. Le village de Brec'h, où je traverse le Loc'h encore tout petit, puis celui de Landaul où je fais une pause café. À mi-chemin entre Landaul et Landévant je rencontre Joëlle, une pèlerine de Rennes qui a entamé le chemin de Compostelle à Audierne. Un joli moulin près du ruisseau de Kergroëz puis le hameau de Locmaria, où je croque ma pomme devant la belle chapelle. Me voilà à Landévant, un bourg tous commerces mais en réalité tellement tranquille que je fais une bonne sieste à « La Bonne Étoile «, mon gîte pour aujourd'hui. La Propriétaire me propose de laver mes affaires au lieu de me débrouiller dans ma chambre, ce que j'accepte volontiers. Ce soir je mange dans une « pizzeria-bar-tabac ». Je suis l'unique client à dîner mais aussi l'unique non-fumeur. C'est très intéressant de voir sortir toujours les mêmes en allumant déjà la clope à l'intérieur. Certains fument une dizaine pendant que je suis en train de dévorer une pizza norvégienne.

08 juin 2018

Landévant à Lorient

Petit déjeuner à 8 heures pile chez la patronne. Elle est très sympa et me tient compagnie pendant le petit-déjeuner. Originaire de Marseille, habitant la Bretagne aujourd'hui, elle veut tout savoir du Luxembourg. Je la remercie d'avoir fait ma lessive et pour le chaleureux accueil. Il est devenu tard et je dois me mettre en route maintenant. Alors bonne journée et bonne route!

Après une heure je touche déjà la Rivière d'Etel à Nostang, un lieu très agréable où je suis passé l'an dernier au mois de septembre lorsque que j'avais longé la Rivière d'Etel de sa source près de Languidic jusqu'à l'Atlantique. Merlevenez avec son église romane du 12e siècle est idéal pour s'offrir un café sur une terrasse ombragée, il fait déjà chaud. Puis vient Riantec où je bifurque vers l'est en direction de Locmiquélic. Ici je prends le batobus pour traverser la rade pour 1,50 €. C'est un bateau qui fait la navette toutes les demies heures. En moins de 10 minutes on se retrouve à Lorient. 60.000 habitants, en tant que aire urbaine 212.000, cela fait beaucoup surtout quand on y ajoute les nombreux touristes. La ville est connue pour son gigantesque festival interceltique qui attire chaque année quelques 700.000 spectateurs. Mais pas que. La cité de la voile Eric Tabarly s'est installée ici. La base de sous-marins, qui était la plus grande des sous-marins allemands de la seconde guerre mondiale, le port de plaisance et que sais-je. Une ville agréable qui vaut le détour.

09 juin 2018

Lorient à Quimperlé

Que faire? Pour aujourd'hui, demain et après-demain ils annoncent massivement de pluies, d'orages et de la grêle. Lors du petit déjeuner des ouvriers du bâtiment, placés à mes côtés, discutent au téléphone avec leur patron à Bordeaux pour ne pas travailler aujourd'hui à cause du mauvais temps. Un couple suisse m'encourage de prendre le train au lieu de prendre des risques dangereux. Alors, la décision est prise, je prends le train. D'autant plus que les cheminots ne font pas la grève aujourd'hui. Je sors de l'hôtel et il pleut. Arrivé à la gare, il ne pleut plus, un ciel pourtant menaçant, je tourmente.

Bon, c'est le train ! À peine un quart d'heure et je suis à Quimperlé. À l'occasion j'ai également changé de département. Terminé le Morbihan (56) et retour au Finistère (29). Il n'a toujours pas plu, ni orage ni quoi que se soit! Ils se foutent de ma gueule ces services météorologiques! Ils font peur à tout le monde! Si j'avais marché je serai arrivé sans être mouillé, sauf par la sueur parce qu'il fait chaud en plus, lourd même. Assez pesté! Quimperlé est une ville très photogène. À l'église Notre-Dame de l'Assomption on fête un mariage, breton évidemment avec cornemuse et bombarde, 2 instruments indispensables aux fêtes bretonnes. Des Hauts et des Bas, se trouvant sur 3 rivières, l'Isole et l'Ellé confluent ici et forment la Laïta. Pour passer du temps je vais déjeuner. Entre les rivières, l'église abbatiale Sainte-Croix, en forme circulaire. La ville s'est développée autour, un peu comme une île entre les rivières. Vers 16 heures éclate un orage qui dure 1 heure environ, puis le soleil s'impose de nouveau.

10 juin 2018

Quimperlé à Melgven

Un super petit-déjeuner avec toutes sortes de gâteaux bretons faits maison et une table soigneusement dressée par une sympathique patronne. Il ne pleut pas encore. Il y a du monde dans la ville, dans le bas il y a marché et dans les hauts une course à pied. La sortie de la ville se fait d'abord par des quartiers résidentiels puis plusieurs zones commerciales avec les enseignes trop bien connues. À la hauteur de la chapelle de La Madelaine il se met à pleuvoir et un abribus tombe à pic pour me mettre au sec. Vingt minutes et je continue vers Bodélio, où se trouve l'Ospital des pèlerins. Les alentours se trouvent dans un état lamentable. Il continue à pleuvoir, aucun abri, aucun banc pour se reposer ou faire son casse-croûte. Je croque ma pomme en marchant sous une pluie qui ne veut plus s'arrêter. Bientôt je traverse l'Aven qui n'est encore qu'un grand ruisseau ici. Encore 5 bornes sous une pluie battante maintenant. Ma femme, qui me joint aujourd'hui ici m'attend déjà. Ensemble nous rejoignons en voiture notre hôtel à Quimper. Elle me ramènera demain à Melgven pour que je puisse entamer ma dernière étape sur le Tro Breiz.

11 juin 2018

Melgven à Quimper

Contrairement aux annonces météorologiques, il ne pleut point. Aujourd'hui je suis un pèlerin de luxe, sans sac à dos. Ma bien-aimée m'a amené à Melgven en voiture pour l'ultime étape. D'abord une petite visite de l'église et je me mets sur le chemin. J'avance vite en version légère par des sentiers herbeux puis des petites routes. Un tas de petits hameaux jusqu'à Locmaria où une belle surprise m'attend. La chapelle de Locmaria-an-Hent, un ensemble de chapelle, d'un ossuaire et d'un calvaire du 16e siècle. Une dame d'un âge mûre m'observe, m'appelle et me demande si je voulais bien la clé de la chapelle. Oui, volontiers dis-je! Alors, aucun problème et prenez tout votre temps dit-elle. Et je prends vraiment mon temps pour faire de belles photos. Un bijou qui nécessite d'urgence des travaux de restauration, mais je pense que l'argent nécessaire est difficile à trouver. Après la remise de la clé je discute encore quelques minutes avec la dame et lui remercie pour ce beau geste. Merci bras et Kenavo! Le reste de cette dernière étape est plutôt monotone sur le bitume et passe principalement à travers des zones industrielles. Bientôt l'arrivée devant la cathédrale Saint-Corentin après avoir traversé l'Odet. La boucle est bouclée et le Tro Breiz est terminé. Environ 700 kilomètres sur un parcours très varié. Deux mers, l'Atlantique et la Manche, beaucoup de rivières, même des régions montagneuses comme les Monts d'Arrée et les Montagnes Noires.